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Faire revivre Jean-Claude Tremblay, le magicien oublié du hockey québécois

Quintuple gagnant de la Coupe Stanley avec les Canadiens et pilier incontesté des Nordiques de l’AMH, Jean-Claude Tremblay n’a jamais eu la même reconnaissance que ses contemporains au sommet du hockey québécois. Une situation qu’espère corriger le journaliste Mikäel Lalancette avec sa biographie du « magicien de la ligne bleue ».

Il a été important dans l’histoire du hockey au Québec. Il a tenu les Nordiques à bout de bras. L’idée était de lui redonner de la lumière en écrivant ce livre-làrelate l’auteur dont le grand-père a été coéquipier du défunt Jean-Claude Tremblay dans les rangs juniors, à Port-Alfred.

Défenseur au talent extraordinaire et au franc-parler quasi légendaire, le Saguenéen a connu cinq conquêtes de la coupe Stanley du CH, entre 1965 et 1971, et il aurait très bien pu être partie intégrante de la dynasty des années 70 aux côtés des Guy Lafleur , Larry Robinson et Ken Dryden.

Il a plutôt choisi de quitter Montréal pour Québec au moment de la création des Nordiques dans l’Association mondiale de hockey, en 1972. Une décision qui l’a rendu plus riche, son contrat de $140,000 par saison doublant ce que lui payaient les Canadiens, mais qui lui a possiblement coûté une place au Temple de la renommée du hockey.

Il prend la pose assis à côté de son livre.

L’auteur et journaliste Mikaël Lalancette

Photo : Radio-Canada / Vincent Archambault-Cantin

Je pense qu’il a payé le prix d’avoir tourné le dos aux prestigieux Canadiens de Sam Pollock, mais en même temps, il a eu la reconnaissance des gens comme un passionné. Tous ceux que j’ai consultés durant la rédaction du livre m’ont dit que c’est lui qui a permis aux Nordiques de survivre dans l’AMH pour éventuellement joindre la LNHdecision by Mikaël Lalancette.

À titre d’exemple, l’auteur cite un match nul des Nordiques où Tremblay avait passé 63 des 70 minutes de la rencontre sur la patinoire. C’était une force de la nature d’un point de vue athlétique et il avait ce côté spectaculaire qui a fasciné les gens.

Du caliber de Richard, Lafleur et Béliveau

C’est probablement l’un des joueurs les plus habiles que j’ai vu jouer. C’était un magicien. La rondelle collait sur sa paletteraconte pour sa part l’ex-attaquant des Remparts Alain Rioux.

On n’a pas oublié Maurice Richard, Jean Béliveau et Guy Lafleur, et bien Jean-Claude était un joueur de ce calibre-là qui est passé sous le radar.

Deux joueurs des Nordiques sont en pleine empoignade pour empêcher un attaquant de l'équipe adverse de compter.

Jean-Claude Tremblay à la défense du temps des Nordiques de l’AMH

Photo : Archives Ville de Québec, Fonds Le Soleil, Raynald Lavoie/ Tous droits réservés

Lui qui avait connu Tremblay dans les corridors du Colisée, que se partageaient les Remparts et les Nordiques, Rioux est aussi l’un des rares qui ont joué sous ses ordres comme entraîneur. À sa retraite, l’ex-numéro 3 des Fleurdelisés a brièvement dirigé l’équipe de Genève-Servette, en division B suisse.

C’était quelqu’un d’extrêmement intelligent, mais c’était vraiment difficile pour lui d’entraîner parce qu’il avait du mal à comprendre que tout le monde n’avait pas son talent et que ce n’était pas facile pour eux comme ce l’était pour lui.

C’est sans compter son caractère impatient et son franc-parler, ajoute Alain Rioux en riant. Jean-Claude Tremblay, vous l’aurez compris, n’a pas été entraîneur bien longtemps.

Personne n’était à l’abri de ses critiques

Bourru, grognon, bougonneux. Je suis allé dans le dictionnaire des synonymes pour décrire sa personnalité. Il aimait être seul dans son coin, mais quand il n’aimait pas quelque chose, il le disait sans filtererelate Mikaël Lalancette, qui est également coordonnateur des sports au quotidien The Soleil.

Que ce soit ses coéquipiers, ses entraîneurs ou ses adversaires, en passant par les journalistes, personne n’était à l’abri des critiques de Jean-Claude Tremblay. Que l’on s’appelle Maurice Richard, Gordie Howe ou Red Fisher.

C’est ce qui fait la richesse du livre. J’ai recyclé ses chroniques de l’époque dans The Soleil et donc, à la fin de chaque chapitre, il commente dans ses mots les événements que je viens de décrire et il ne met pas de gants blancsauteur’s work.

The author of the book.

Le lancement du livre Jean-Claude Tremblay, le magicien de la ligne bleue a eu lieu lundi à la microbrasserie SNO, au Grand Marché de Québec.

Photo : Radio-Canada / Louis-Simon Lapointe

C’était lui, on ne peut pas le nier, mais ça partait d’une timidité presque maladiveexplique pour sa part l’une des filles du défenseur, Myriam, présente au lancement du livre à Québec.

Il a été propulsé dans le grand monde et je pense qu’il s’est fait une carapace. Oui, il était bourru, mais il avait un grand cœur.

A posthumous reconnaissance

Trente ans après le décès de son père au jeune âge de 55 ans, Myriam Tremblay ne pensait plus que ce dernier serait honoré d’une biographie. Âgée de 10 ans lorsque le défenseur est passé des Canadiens aux Nordiques, elle en a elle-même appris en lisant l’ouvrage.

Je savais que c’était un grand joueur de hockey, mais quand on lit ça, c’est vraiment impressionnant. Et je savais qu’il avait été victime d’injustices durant sa carrière, mais pas autant que ça. Il a tellement dû être frustrés’exclame-t-elle.

Est-ce que le fait d’avoir tourné le dos aux Canadiens lui a vraiment coûté sa place au Temple de la renommée? On ne le saura jamais, mais maintenant il ya un livre qui raconte ses exploitsconclut pour sa part Mikaël Lalancette.

Jean-Claude Tremblay, le magicien de la ligne bleue paraît en librairie ce mercredi 25 septembre.

Avec les informations de Jean-Philippe Martin